Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/37

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Et le prenant à part :

"Tu veux mourir, hein ?

— Oui, mon père.

— Mourons donc ensemble. Cependant, tu peux bien entendre une observation de ton vieux père ?

— Oui, monsieur…

—Eh bien, je ne demande pas mieux que de mourir, puisque tu ne peux vivre sans cette petite Loïson que le diable emporte, et que moi, je ne puis vivre sans toi. Mais encore faut-il être sûr que ta Loïsette t’échappe !

— Que voulez-vous dire ? s’écria le chevalier en pâlissant d’espoir.

— Simplement ceci : as-tu demandé sa fille au maréchal ?

— Folie !

— D’accord ! Mais enfin, l’as-tu demandée ?

— Vous savez bien que non !

— Eh bien, il faut la demander !

— Jamais ! Jamais !…Oh ! l’affront de me voir refuser !…

— Bon, c’est donc moi qui parlerai pour toi ! Or, de deux choses l’une : ou tu es accepté et tu fais aux Montmorency l’honneur d’entrer dans leur famille. Mort de tous les diables ! ton épée vaut la leur, et ton nom est sans tache…Je poursuis : ou tu es refusé, et alors seulement il sera temps de graisser nos bottes pour le grand voyage d’où on ne revient pas. Voyons, consens à vivre jusqu’à ce que le père de Loïse m’ait formellement dit : Non !

— Soit, mon père ! dit le chevalier qui entrevit là le moyen de mourir seul et de ne pas entraîner son père dans la mort.

— Monseigneur, dit alors le vieux Pardaillan en rejoignant le maréchal, nous venons, le chevalier et moi, de tenir conseil de guerre. Voici ce qui est décidé : Vous allez partir à l’instant. Nous demeurons ici jusqu’à ce que l’attaque soit avérée. Alors, nous partirons à notre tour.

— Je ne partirai pas d’ici sans vous, dit le maréchal d’une voix ferme. Et songez-y, chevalier, si vous ne consentez pas à me suivre, dès la première attaque, vous exposez à une mort terrible ces deux innocentes créatures."

Le chevalier tressaillit.

"Nous partirons donc, dit-il.

— Il n’y a plus qu’à attendre", dit Pardaillan père. L’attente ne fut pas longue. Vers cinq heures du matin, le vieux routier, demeuré en observation à l’œil de boeuf, vit un cavalier faire un signe à l’officier. Ce cavalier, bien qu’il fît chaud, était enveloppé d’un manteau qui le couvrait entièrement. En