Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/49

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c’est moi qui lui ai annoncé son bonheur.

— Corbleu ! Dites que vous lui portez bonheur, ma bonne Huguette. Ah ! c’est ainsi ?…Ah ! bien, voilà qui change diablement les choses !… Vive Dieu !… Que je vous embrasse encore !…"

Sur ce, nouvelle embrassade. Après quoi, le vieux Pardaillan continua son repas, avec une infinie satisfaction.

Tout a une fin, même les bons déjeuners.

Celui de Pardaillan suit donc la loi commune, et le dernier flacon vidé jusqu’à la dernière goutte, le vieux routier, l’œil conquérant, reboucla son épée et, mettant la main à sa ceinture de cuir qui contenait les trois mille livres prises dans le coffre de Gilles, appela maître Landry qui, sa note à la main, accourut, radieux, léger, fendant l’air de ses bras pour arriver plus vite.

Landry, en arrivant à la table, déploya son papier. Il était long d’une aune. Et, comme pour s’excuser de cette menaçante longueur, l’aubergiste se hâta de dire :

"Dame, monsieur, c’est qu’il y en long ! Et encore, n’ai-je pas marqué les extras.

— Marquez tout, mon cher Landry, fit Pardaillan.

— En ce cas, tout compris, cela fait trois mille livres juste."

Le vieux routier reçut le coup sans sourciller et commença à entrouvrir sa ceinture de cuir. Le visage de Landry, qui était radieux, devint incandescent, tant l’émotion le fit flamboyer.

"Enfin ! " murmura-t-il dans un souffle.

"Le voilà ! Le voilà ! " tonna à ce moment une voix furieuse.

En même temps, trois personnages, qui venaient d’entrer à l’instant même dans la salle, dégainèrent et se précipitèrent sur Pardaillan. L’auberge se remplit de cris. La main de Pardaillan, qui touchait la fameuse ceinture, descendit jusqu’à la rapière, qu’elle mit au vent. Le sourire de Landry se termina en grimace de