Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/54

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des jeunes filles, l’illumina soudainement, et, très pâle, blanche comme un lis, elle dit :

"Vous ne voulez pas partir… vous voulez mourir…

— C’est vrai.

— Pourquoi ?

— Parce que je vous aime.

— Vous m’aimez ?

— Oui.

— Et vous voulez mourir ?

— Oui.

— Vous voulez donc que je meure ? "



Ces demandes et ces réponses rapides, haletantes, fiévreuses, furent faites de part et d’autre, d’une voix basse. Emportés qu’ils étaient par leur rêve, ils se rendaient à peine compte de ce qu’ils se disaient. Mais tout était amour entre eux.

Entre eux, ils ne put être question de dissimulation. Loïse, qui parlait au chevalier pour la deuxième ou troisième fois, avoua son amour spontanément. La pensée qu’elle aurait pu le cacher ou en rougir, ne l’effleura même pas. Cette fleur de timidité n’eût pas compris la timidité en un ce moment.

Ce crin qu’elle venait de laisser tomber de ses lèvres, ce cri de sincérité superbe était l’expression la plus complète, la plus absolue, de ce qu’elle ressentait.

Si le chevalier mourrait, elle mourrait.

C’était simple, limpide, lumineux. Il n’y avait rien autour de cela : pas de réflexion, pas de contestation possible. Etait-ce de l’amour ? Elle ne savait pas. Elle ne savait qu’une chose :

C’est que sa vie s’absorbait sans effort dans la vie du chevalier ; c’est que son âme s’incorporait à l’âme de cet homme.

Et maintenant, s’il partait, elle partait.

S’il mourrait, elle mourrait.

Plus rien au monde ne pouvait les séparer.


"Voulez-vous donc que je meure ? " dit Loïse.