Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/55

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En même temps, ses yeux bleus, limpides comme l’azur du ciel, se fixèrent sur les yeux du chevalier de Pardaillan.

Il chancela.

Il oublia que le maréchal la destinait à ce comte de Margency, à cet inconnu qui allait la lui prendre, et, extasié, bouleversé par un étonnement infini, murmura :

"Je rêve."

Lentement, elle baissa les yeux ; une pâleur de lis s’étendit sur son visage, et elle dit :

"Si vous mourez, je meurs, puisque je vous aime…"

Ils étaient tout prêts l’un de l’autre. Et pourtant, ils ne se touchaient pas. Le jeune homme éprouvait cette sensation très nette que l’ange s’évanouirait si seulement il lui touchait les mains.

Alors, avec cet accent de simplicité qui est la plus souveraine expression du pathétique, il murmura :

"Loïse, je vis puisque vous m’aimez… Etre aimé de vous cela me semblait une hérésie… Que votre regard se fût abaissé sur moi, c’était une folie… et pourtant,, cela est. Loïse, je ne sais si e suis heureux ou malheureux, je ne sais si le ciel s’ouvre devant moi… Mais la plénitude de la vie, Loïse, vous me l’avez versée…

— Je vous aime…

— Oui. Je le savais. Tout me le criait. Tout me disait que j’étais venu dans ce monde pour vous seule ! "

Il se tut subitement.

Il était comme dans une épouvante et dans une extase.

Et tous les deux comprirent que toute parole eût été vaine.

Lentement, les yeux rivés aux yeux du chevalier, Loïse recula jusqu’à la porte, s’éloigna, s’évapora pour ainsi dire, et lui, demeura longtemps à la même place, comme foudroyé.

Alors, la réaction se fit dans cette nature su froide en apparence, et si réellement violente.

Une joie inouïe, une joie terrible le souleva, le transporta.

Parla baie de la fenêtre, son regard étincelant rayonna sur Paris.