que des farfadets et des sorcières, et elle savait bien que les sorcières et les farfadets ne battent pas la campagne pendant le jour. Mais Margaït aimait son père, et quand les papillons, la brise ou les fleurs ne lui inspiraient plus de graves distractions, son cœur tout entier revenait à son père bien-aimé !
C’était une noble enfant que Marguerite, et le vieux Tanneguy n’ignorait pas quel pur trésor Dieu lui avait envoyé !…
Dans un de ces moments, où emportée loin de son père, par l’élan de sa course, la blonde enfant ne songeait plus qu’à pourchasser les papillons et les vertes demoiselles, elle atteignit un endroit solitaire où la route se dégage tout à coup des petites haies vives qui jusque-là masquent l’horizon et permet au regard de planer au loin sur les vastes grèves de l’Océan.
Soit que Marguerite se sentît touchée de la beauté du spectacle qui s’offrait si inopinément à ses yeux, soit qu’une autre cause eût fait naître en elle un sentiment mêlé de crainte et de joie, elle s’arrêta aussitôt et croisa ses deux bras demi-nus sur sa poitrine ! Puis, comme si la gaieté qui l’avait accompagnée jusqu’alors, l’eût tout à coup abandonnée, comme si même une certaine terreur se fût emparée d’elle, elle regarda instinctivement à ses côtés ne sachant si elle devait avancer ou reculer !…
Enfin, elle parut prendre son parti en brave, tourna vivement sur elle-même, et après un nouveau mouvement d’hésitation, elle reprit sa course, et s’en alla rejoindre son père qu’elle ne tarda pas d’ailleurs à apercevoir.
La cause des craintes et des hésitations de Marguerite est trop naturelle et a trop d’importance dans cette histoire, pour que nous en fassions plus longtemps un secret au lecteur.