Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
UN CLAN BRETON.

restait plus d’autre occupation que celles de la table et de la chasse. À défaut d’autres, il prenait celles-ci.

Du reste, ces occupations convenaient encore à son caractère grossier et presque barbare.

La fauconnerie de la ferme était l’objet d’un soin particulier. L’homme auquel cette charge était échue en partage recevait par jour, outre son salaire annuel de cent vingt-six vaches, une coupe de cervoise aromatisée ; ce qui l’entretenait dans un état de gaieté passé en proverbe parmi les serfs de l’habitation. Guenhael avait place à la table du maître et, quelquefois, il prenait sa part des mets que l’on servait à celui-ci. Tous ces honneurs prodigués au fauconnier témoignent suffisamment du cas que l’on faisait des fonctions dont il était revêtu.

Pour charmer les ennuis de leur sauvage oisiveté, les hommes de ces époques primitives recherchaient avec passion tout ce qui pouvait leur rappeler, par un côté quelconque, les luttes sanglantes de la guerre. La chasse était dès lors devenue un besoin, et par la suite, la fauconnerie un art véritable.

Guenhael était donc l’homme le plus heureux de la ferme, et il ne s’en plaignait pas.

Les autres personnages qui entouraient le fils du vieux comte, étaient le chapelain, l’économe, le juge aulique et quelques autres officiers subalternes dont il est inutile de parler. Nous préférons entrer de suite dans notre récit.

Un matin de confuses rumeurs s’entendirent dans la ferme ; la grande cour se trouvait pleine de valets en habit de chasse, et bien que le soleil fût à peine à l’horizon, on entendait déjà les cors éclater en joyeuses fanfares, que se renvoyaient mille fois les échos de la forêt ; les chevaux, malgré les exhortations du chef des écuries, hennissaient bruyamment et frappaient le sol d’un pied impatient. Tous