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Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/119

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hardiment et prit sans hésiter un petit sentier dont les contours bizarres conduisaient au cœur même de la forêt. Le sentier allait toujours se rétrécissant ; elle arriva même bientôt à un endroit où les ronces et les arbustes l’avaient tellement envahi, qu’il n’était possible qu’à un œil bien exercé d’en suivre la trace. Pialla poursuivit néanmoins sa route et parvint ainsi à une sorte de clairière, au milieu de laquelle s’élevait un de ces monuments druidiques connus sous le nom de dolmin ; elle s’arrêta et reprit haleine.

Le dolmin devant lequel elle venait de s’arrêter était composé de six énormes pierres rangées parallèlement, et recouvertes d’une septième plus plate et plus longue encore que les autres. Ces pierres, grossièrement taillées, offraient à l’œil un aspect informe dont rien ne saurait aujourd’hui donner une idée exacte. C’était d’ordinaire le monument terrible du haut duquel les prêtres de la foi druidique enseignaient à la foule les dogmes sanglants de leur religion. C’était quelquefois aussi l’habitation de quelque druide vivant à part et loin du monde dans la solitude et la méditation. L’imagination des temps primitifs avait entouré ces habitations de superstitions fatales, et nul n’osait en approcher, même pendant le jour. On conçoit que Pialla qui, bien que chrétienne, n’avait pas entièrement dépouillé les idées dans lesquelles elle avait été élevée, se fût arrêtée émue et presque épouvantée à la vue de ce monument dont elle venait troubler la mystérieuse solitude à cette heure de nuit. Cependant après quelques incertitudes, elle frappa dans ses mains trois coups dont le bruit aigu la fit frissonner elle-même. Ce bruit fut entendu, et un homme parut sur le seuil du dolmin.

C’était un vieillard d’une haute et puissante sta-