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Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/136

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se laissa tomber à genoux en joignant les mains et en priant !

« Ô dieux ! dit le vieillard d’un ton solennel, dieux qui présidez aux destinées humaines, vous venez de mettre fin à une existence pleine de valeur et de courage ! Dans la nouvelle vie qui va commencer pour lui, qu’il reçoive donc la récompense de sa bravoure ! Qu’il soit regretté des siens et que la pierre du tombeau soit légère à sa cendre ! Qu’au delà de ce monde d’épreuves, il trouve un monde meilleur ! Que les bardes rappellent sa mémoire dans leurs chants de guerre, et que la postérité garde de lui un grand et sacré souvenir ! »

« Mon Dieu dit la jeune fille, il a veillé sur mon enfance ; il a été pour moi un père bon et indulgent ; il m’a entourée de soins et d’affections. C’est lui qui m’a fait aimer la vie, qui m’a consolée, qui m’a soutenue. Vous le savez, mon Dieu ! il a été bon entre les meilleurs, généreux entre les plus généreux ; sa jeunesse fut noble et courageuse, sa vieillesse douce et pleine de vertus ! Vous l’avez rappelé à vous, ô mon Dieu ! Il se souviendra sans doute là-haut de ceux qu’il a laissés sur cette terre, et il vous priera pour que vous détourniez de leurs lèvres le vase d’amertume et de fiel ! Laissez sa prière monter jusqu’à vous, mon Dieu, et abaissez sur les malheureux qui souffrent votre regard de bonté ! »

Le cortège avait passé. Pialla et le druide reprirent leur chemin, et s’éloignèrent de la ferme.

Où allaient-ils ainsi tous les deux, à travers la nuit, errant presque au hasard, sans but certain, et vivant de l’hospitalité ? L’un trop vieux, l’autre trop jeune pour supporter de longues fatigues. Qu’allaient-ils chercher dans des pays lointains ? Pourquoi fuyaient-ils avec tant de hâte une contrée dans laquelle ils laissaient un ami à peine mort ?