Le vieillard craignait le passé, la jeune fille craignait l’avenir.
Ils marchèrent ainsi l’un à côté de l’autre, gardant le silence, profondément émus tous deux, et Pialla jetait souvent en arrière un regard plein de larmes.
— Vous pleurez, lui dit enfin le druide, à peine avez-vous mis le pied dans la longue route que vous allez parcourir, que déjà le regret entre dans votre cœur ; et voilà que le courage semble vous abandonner aux premières douleurs.
— Oh ! je serai forte, répondit Pialla, Dieu qui nous a créés a mis au cœur de l’homme et de la femme un grand courage, afin qu’ils pussent, pendant le trajet de cette vie, porter le souvenir qui pèse sur leur mémoire.
— Quel souvenir, mon enfant ?
— Celui du ciel qu’ils ont quitté !
Cependant la nuit avançait à grands pas, et il pouvait être imprudent de s’aventurer, à pareille heure, dans les chemins dangereux où ils s’engageaient. Ils demandèrent l’hospitalité dans le premier gîte qu’ils rencontrèrent.
Le lendemain, avant de reprendre leur route, le druide voulut consulter le destin, et, s’étant fait apporter une branche d’arbre couverte des premiers fruits vermeils de l’été, il la coupa en huit morceaux de figure symbolique, qu’il jeta pêle-mêle dans une robe blanche préparée pour les recevoir.
Pialla assistait à cette cérémonie avec un saint recueillement ; dans sa pensée naïve, elle croyait même sincèrement à la véracité des résultats que l’eubage déduisait des circonstances avec lesquelles les morceaux de la branche prophétique se présentaient en sortant de la robe.
— Mon père, dit elle au druide, quand la cérémo-