Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/141

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On célébrait l’office divin. Les prêtres allaient et venaient revêtus de leurs vêtements blancs, les cierges étaient allumés, l’encens brûlait sur l’autel, et le chant grave et lent des psalmodies chrétiennes retentissait sous les voûtes sonores de l’édifice. Les assistants placés autour du chœur, dans la nef et des deux côtés du transept, priaient pieusement agenouillés, les mains jointes, le Dieu dont on rappelait en ce moment le sublime sacrifice.

L’église était pleine de soldats et de peuple. Tous, silencieux et recueillis, se confondaient dans une seule et même pensée pieuse.

Ce spectacle grandiose toucha profondément le druide qui, insensiblement, se laissait circonvenir par les idées plus calmes et plus nobles que ce tableau lui révélait. Un autre monde, une sphère nouvelle s’ouvrait devant son imagination étonnée, et un sentiment jusqu’alors inconnu entrait profondément dans son âme. Il se sentit ému par la majesté simple de cette cérémonie ; le doute l’abandonna un instant ; le sourire d’ironie qui avait d’abord effleuré ses lèvres s’enfuit tout à coup, et quand on leva l’hostie consacrée, et qu’alors il vit tous les fidèles se courber par un mouvement unanime et incliner leur front vers la terre ; quand, au milieu de cette foule, il s’aperçut que lui seul était debout, levant sa tête blanche et sa haute taille, comme s’il eût voulu défier orgueilleusement la sainteté du lieu, il eut presque honte de lui-même… et s’inclina !…

Pialla s’était aperçue de ce mouvement, et quand elle se releva, elle saisit les mains tremblantes du vieillard :

— Mon père ! s’écria-t-elle avec une joie sainte, mon père, qu’avez-vous fait ?

— Ma fille, répondit le vieillard, ton dieu est grand, l’homme est faible et petit ; et puis… à quel-