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ÉRIC LE MENDIANT.

— Et quelle réputation y a-t-il acquise ?

— Oh ! celle d’un respectable et digne fermier… il n’y a qu’une voix là-dessus.

— Il vit fort retiré cependant ?

— Il ne sort jamais, pour ainsi dire.

— Et qui fréquente-t-il ?

— Personne.

— Mais comment le connaît-on alors ?

Éric remua la tête avec un faux air de finesse et de bonhomie.

— Eh ! mon bon monsieur, répondit-il, par le bien qu’il fait.

— Il en fait donc beaucoup ?

— Tout son avoir y passe, quoi !

Octave hésita, puis il poursuivit :

— Mais dites-moi, mon brave homme, ajouta-t-il, à quoi, dans le pays, attribue-t-on cette sorte de solitude dans laquelle il se renferme ?

— Oh ! à ceci et à cela, répondit Éric, à tout et à rien, vous savez, les uns disent blanc, les autres disent noir. Ceux qui sont plus près de la vérité rapportent cela à des malheurs que le bonhomme Tanneguy a éprouvés dans le pays qu’il habitait auparavant.

— Quels malheurs ?

— Sa fille…

— Ah ! il a une enfant ?

— Et un beau brin de fille !

— Vous l’avez vue ?

— Comme je vous vois.

— Et elle est jeune ?

— Dix-sept ans approchant.

— Et jolie ?

— Comme un ange du bon Dieu.

— Et pourquoi semblez-vous mêler la fille à la cause des malheurs du père ?