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ÉRIC LE MENDIANT.

— C’est bien marcher ! murmura Octave, mais ce n’est pas un service de cette nature que j’attends de vous, mon brave homme.

— Il m’appelle brave homme, pensa Éric, il ne me reconnaît pas.

— En votre qualité de mendiant, poursuivit Octave, vous devez fréquenter toutes les fermes du pays et en connaître les habitants : ce sont des renseignements que je veux avoir ; êtes-vous à même de me les donner ?

— Tout ce qui pourra vous être agréable, répondit Éric.

Et un sourire plein de malice, d’astuce et de satisfaction passa sur ses lèvres.

Mais Octave était trop profondément préoccupé pour s’apercevoir d’un semblable détail.

— Voyez-vous, poursuivit Éric, voilà vingt ans bientôt que je suis dans le pays, et je puis vous donner sur les familles qui y demeurent les renseignements les plus circonstanciés.

— Les renseignements que je désire avoir, dit Octave, n’ont qu’une importance purement relative, et d’ailleurs la personne dont il s’agit n’habite guère cette côte que depuis deux ans…

— Depuis deux ans ? fit Éric comme s’il eût cherché à se rappeler.

— Oh ! il est inutile de chercher longtemps, ajoute Octave, je n’ai point d’intérêt à cacher le nom de cette personne ; nous sommes sur sa propriété, et c’est Tanneguy qu’elle s’appelle.

— Tanneguy, dit Éric en relevant la tête.

— Vous le connaissez ?

— Beaucoup, mon bon monsieur.

— Il y a deux ans qu’il est au pays, n’est-il pas vrai ?

— Deux ans, en effet.