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PRÉFACE.

Par ces obſervations on peut remonter à l’origine des peuples & des langues, & établir, pour ainſi dire, un calcul d’idiomes & de penſées, dans lequel les réſultats ſoient moralement auſſi certains que dans les nombres.

On ſçait que du mélange de pluſieurs couleurs données doit naître telle autre couleur ; de même ſi l’on mêle deux peuples pendant tel eſpace de tems, en tel païs, tel climat, en tel état de politeſſe ou de groſſiereté, ſuivant telles loix, il en ſortira un troiſiéme peuple qui tiendra plus ou moins des deux premiers. Ici les expériences ſont faites ; il n’eſt queſtion que de les appercevoir.

Ces réflexions générales ſuffiſent pour faire voir que l’Hiſtoire des Opinions, de l’eſprit de l’homme, ſuppoſe la connoiſlance des Langues, des Antiquités & de la Géographie ancienne & moderne, de la Chronologie ; ſciences que le faux bel eſprit couvre d’un verni de pédantiſme, parce qu’effrayé par l’immenſité, par la complication de l’échafaudage, il n’a pas la force de pénétrer juſqu’au bâtiment.

Maintenant le moyen d’approfondir (on ne l’épuiſera jamais) un ſujet ſi important, ſi intéreſſant ? Ce qui regarde les Juifs, les Grecs, les Romains, l’Europe entiere, fait, depuis la renaiſſance des Lettres, l’étude des ſçavans : reſtent l’Amérique, l’Afrique & l’Aſie, qui, j’oſe le dire, ſont encore à défricher dans le ſens que j’ai expliqué plus haut.

Il eſt vrai que pluſieurs Miſſionnaires ont déjà donné ſur l’Aſie des Ouvrages importans, eſſentiels même en leur genre[1] ; des ſçavans en Europe[2]

  1. Les P. Noël, Coupler, Beski & Gaubil.
  2. Le D. Hyde, MM. Maracci, Schultens, Gagnier, l’Abbé Barthélemy & de Guignes.