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PRÉFACE.

ont auſſi étendu dans le même plan, la ſphere de nos connoiſſances : mais, d’un côté, les occupations attachées à l’état de Miſſionnaire, de l’autre, la privation du commerce des Orientaux, de l’avantage de prendre chez eux ce tour qui leur eſt propre, de voir les choſes de ſes yeux ; ces inconvéniens (du moins c’eſt mon opinion) empêcheront toujours, ſi l’on ne tente pas une autre voie, d’avoir ſur ces contrées des notions entierement ſatiſfaiſantes : & jamais ce vuide ne ſera rempli par les relations des Voyageurs ſimplement Militaires, Marins ou Marchands.

Ce ſont des ſçavans de profeſſion qu’il faut & des ſçavans voyageurs. Mais comment voyageront-ils ? On ſçait que les lumieres ſ’augmentent par la communication, & que les beſoins dans des pays éloignés demandent des ſecours ſûrs & prompts. Le moyen qui pourroit procurer l’un & l’autre avantage, ſeroit d’établir des Académies, ſi je puis m’exprimer ainſi, ambulantes. Cette idée me vint à Surate en 1760. La traduction des Livres Zends étoit achevée. Ce que j’avois ſouffert, ce que j’avois fait depuis que j’étois dans l’lnde, me fit ſentir l’utilité de pareilles ſociétés littéraires : j’en traçai le plan. Peut-être le Lecteur me pardonnera-t-il de l’entretenir un moment de celle que la France pourroit avoir : ſ’il eſt des Romans utiles, ce ſont ceux qui, ſans réveiller les paſſions, ſervent à perſectionner, à etendre les connoiſſances humaines.

Je ſuppoſe ce Corps de ſçavans voyageurs compoſé de quatre-vingts Académiciens. Commençant par l’Amérique, deux iroient ſ’établir au Détroit de Magellan ou au Chili ; deux au Mexique ; deux à Quito, dans le Pérou, & deux en Canada ou près de la Baye