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DISCOURS


me regarder, il faut voir, me dit-il. Je lui explique en deux mots l’objet de mon voyage ; & pour toute réponſe, il met la Lettre dans ſa poche, & continue, en arpentant la galerie, la conversation muette qu’il a commencée avec deux Conſeillers. Il faudroit être dans la ſituation où je me trouvai alors, pour concevoir ce qui fe fiafla chez, moi. Comme je n’etois, ni Employe, ni Miicaire, perfonne ne fe preTenta pour me tirer d’embarras. Le Chevalier d’Agoult pour qui M. De Guignes m’avoit donne des Lettres, etoit morr. Je regagnai, la terc bailTee, l’efcalier du Gouvernemenc, actirant les regards de l’affemblee. Je le dcfcendis,fanstrop fcavoirce que j’alloisdevenir. Alors ouvranc mon Porte-fcuille, j’y trouvai une Lettre a cachet volant pour M. De Goupil, Commandant des Troupes. La premiere perfonne à qui je demandai où il demeuroit, me dit qu’il etoit en detachement ; il fallut encore devorer cette couleuvre. Je me rendis neanmoins chez lui, & j’eus le bonheur de l’y trouver. L’accueil poli qu’il me fit, me remit un peu les efprits : il me prefenta a fon Epoufe, jeune Dame de dix-huit ans, & me dit qu’il me regardoit comme fon fils, la Lettre que je venois de lui remettre lui recommandant d’avoir pour moi tous les egards, & de me rendre tous les fervices qui dependroientde lui. II me donne en meme terns un de Ces Palanquins [1], & nous nous rendons enfemble dans la mai-

[1] Le Palanquin, la voiture la plus commode de l’Inde, eſt compoſée de trois parties principales, la caiſſe, la rente & le bambou. La caiſſe eſt une eſpèce de lit formé d’un cadre de canne, entouré d’un bord de bois, garni aux quatre coins en or ou en argent. Gc bord s’eleve de quatre a cinq pouces au-deuiis du cadre, & eft quelquerois couvert de nacre de perle, d’y voire & de morceaux d’ibenne en placage. La cairte eft foutenue par quatre pieds termines en griffes de Tigre, au(fi revetus d’or. Le cadre eft garni d’un matelas de velours, accompagne de deux oreillers de meme etoffe, avec des glands & quelquefois des broderies ou du galon fur les coutures. À chaque bout de la caiſſe ſont deux bâtons mis en ſautoir, qui tiennent par des vis aux pieds & au bord. Ces bâtons, dans l’angle ſupérieur que forment leurs extrêmités, reçoivent les deux bouts du Bambou qui poſent deſſus horiſontalement.

Le Bambou eſt une eſpece d’arbre ou de roſeau, dont le bois eſt ſouple & fort, & qui vient aſſez haut. Des paliſſades faites de cet arbre ſont de bonne défenſe, parce que le canon n’y fait que ſon trou, ſans les enflammer, Pour courber le