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SOUVENIRS SUR LÉNINE

quelques lignes asiatiques. Ce crâne a l’intention de renverser des murailles. Peut-être bien qu’il s’y brisera, mais pour céder, il ne cédera jamais. »

Dans son attitude et son maintien, Lénine était également resté tout à fait le même. La discussion fut à plusieurs reprises très vive et même orageuse. Comme autrefois au congrès de la IIe Internationale, Lénine se distinguait par l’attention extraordinaire avec laquelle il suivait les débats, par ce calme et cette grande assurance, qui étaient à la fois intérêt concentré, profond, pour ce qu’il entendait, et énergie et élasticité. C’est ce dont témoignaient ses interruptions et les remarques qu’il faisait à l’occasion, ainsi que ses explications plus complètes quand il prenait la parole. Rien d’important ne semblait échapper à son regard aigu, à son esprit lucide. Au cours de cette séance, comme toujours par la suite, le trait de son caractère qui m’a paru le plus saillant était sa simplicité, son amabilité et son naturel dans ses rapports avec tous les camarades. Je dis « naturel » parce que mon impression très nette était : cet homme est incapable de se montrer autrement qu’il ne se montre. La façon dont il se conduit envers les camarades est l’expression naturelle de sa nature intime.

Lénine avait la direction incontestée du parti qui avait guidé les ouvriers et les paysans russes dans leur lutte pour la prise du pouvoir, et qui, maintenant, fort de leur confiance, exerçait au