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CLARA ZETKIN

la sœur de Lénine, « pour faire honneur à son hôte », chercha s’il n’y avait pas quelque « douceur » et elle eut la chance de découvrir un petit pot de confitures. On savait que les paysans faisaient à « leur Illitch » de nombreux cadeaux de farine, de lard, d’œufs, de fruits, etc., mais on savait aussi que rien de ces choses ne restait dans le ménage de Lénine. Tout s’en allait dans les hôpitaux et les maisons d’enfants, car la famille de Lénine observait strictement le principe de ne pas vivre mieux que les autres, c’est-à-dire mieux que les classes laborieuses.

Je n’avais pas vu la camarade Kroupskaïa, la femme de Lénine, depuis la conférence internationale des femmes socialistes, qui s’était tenue à Berne, au mois de mars 1915. Son visage aux yeux si bons portait les marques indélébiles de la maladie sournoise qui la mine. À part cela, elle aussi était restée la même, l’incarnation de la sincérité, de la modestie et d’une simplicité qu’il faut bien appeler puritaine. Avec ces cheveux plats ramenés en arrière et rassemblés derrière la tête en un chignon fait sans aucun art, avec sa robe sans nulle garniture, on aurait pu la prendre pour, une femme d’ouvrier, usée de fatigue, et dont l’éternel souci est d’économiser du temps, de gagner du temps. « La première femme du grand Empire russe », à ce que pensent et à ce que disent les bourgeois, est incontesta-