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SOUVENIRS SUR LÉNINE

blement la première pour l’abnégation et l’esprit de sacrifice et pour le dévoilement à la cause des affligés et des éprouvés.

Elle était unie à Lénine par la plus intime communauté de vie et de travail. Il est impossible de parler de lui sans penser à elle. Elle était la main droite de Lénine, son meilleur secrétaire, sa camarade la plus convaincue, l’interprète la plus avertie de ses idées, aussi infatigable quand il s’agissait de recruter, avec tact et prudence, des amis et des partisans au maître génial, que lorsqu’il fallait faire, au milieu des ouvriers, œuvre de propagandiste selon le cœur de Lénine. En outre, elle avait son champ d’activité propre : elle se consacrait de toute son âme à la culture et à l’éducation du peuple.

Il eût été ridicule, et même inconvenant, de supposer que la camarade Kroupskaïa jouait, au Kremlin, le personnage de « la femme de Lénine ». Elle travaillait avec lui, pour lui, partageant ses soucis, comme elle l’avait fait toute sa vie, même quand les nécessités de la vie illégale et les persécutions les séparaient. Nature profondément maternelle, la camarade Kroupskaïa, aidée en cela par sa belle-sœur, faisait du logis de Lénine un « foyer », au sens le plus noble du mot. Non pas, certes, au sens ou l’entendent les bons bourgeois allemands, mais bien par l’atmosphère intellectuelle qui régnait là, et qu’avaient créée pour ainsi dire les rapports unissant entre eux les êtres qui vivaient et qui travaillaient là. Dans ces rapports, on s’atta-