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SOUVENIRS SUR LÉNINE

longue conversation que j’eus avec lui à ce sujet, quelques jours après mon arrivée, me renseigna d’une façon qui ne laissait place à aucun malentendu.

Lénine me demanda tout d’abord des renseignements sur la situation en Allemagne, la situation en général, et la situation à l’intérieur du parti. Je m’efforçai de les lui donner avec le plus de clarté et d’objectivité possible, en citant des faits et des chiffres. Lénine m’interrompait de temps en temps pour me poser des questions et mettre les points sur les i, et prenait rapidement quelques notes. Je ne cachai rien de mes craintes concernant les dangers auxquels étaient exposés, selon moi, le parti allemand et l’internationale Communiste, si le Congrès mondial en venait à consacrer la « théorie de l’offensive ». Lénine éclata de son bon rire plein d’assurance.

« Depuis quand êtes-vous donc au nombre des broyeurs de noir ? demanda-t-il. Soyez tranquille ! Au congrès, il n’y en aura pas que pour les « théoriciens de l’offensive » ! Nous sommes bien encore là, nous autres ! Croyez-vous que nous ayons fait la Révolution sans en avoir tiré aucun enseignement ? Et nous voulons que vous aussi vous profitiez de ces enseignements. Et d’ailleurs, est-ce que c’est une théorie ? Pas le moins du monde, c’est une illusion, c’est du romantisme, pas autre chose que du romantisme ! Aussi a-t-elle été fabriquée au « pays des penseurs et des poètes », avec l’aide de mon cher