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SOUVENIRS SUR LÉNINE



Dans ces heures pénibles ou chacun sent douloureusement qu’un homme irremplaçable nous a quittés, monte en nous, lumineux et vivace, le souvenir de menus faits qui révèlent, comme à la lueur d’un éclair, le grand homme dans le grand chef révolutionnaire. La grandeur du chef s’harmonisait avec la grandeur de l’homme et c’est ce qui a donné son caractère à la figure de Lénine, c’est pour cela qu’il reste « à jamais enseveli comme en un cercueil dans le vaste cœur du prolétariat mondial », destin glorieux qui avait été, selon Marx, celui des combattants de la Commune. Car les travailleurs, les exploités qui, tels les Canadiens du poète Seume, ignorent « la politesse fardée de l’Europe », lisez : les mensonges conventionnels et les hypocrisies du monde bourgeois, savent distinguer, avec leur finesse instinctive, ce qui est vrai de ce qui est faux, la grandeur simple du sot orgueil qui se gonfle, l’amour qu’on leur porte, amour qui engendre l’action et va jusqu’au sacrifice, de la recherche d’une popularité qui n’est que le miroir où la vanité aime à se regarder.

J’éprouve de la répugnance à livrer à la publicité des souvenirs personnels. Mais il me semble que j’ai le devoir de puiser dans le trésor de