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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/102

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LE BOUTE-CHARGE

veillance qui rassure malgré le grand air de froideur répandu dans toute sa personne. Toutes les fois qu’il a l’occasion de parler à ses hommes, il se laisse culminer par cette passion du régiment qui le domine et l’absorbe. Et ce n’est pas en lui une affection banale, faite d’habitudes invétérées plutôt que de sentiments élevés ; c’est cette amitié profonde du créateur pour son œuvre, de celui dont toutes les pensées, toute la vie, sont tendues à ce seul but : Former de solides escadrons capables de rendre tous les services que le pays est en droit d’espérer et d’exiger. Le colonel tout entier est dans ce mot : « J’aime mon régiment. »

Le voici qui se dirige vers la salle du rapport, accompagné des deux chefs d’escadron, deux types de cavalier absolument opposés. De haute noblesse tous deux, ils ont chacun une manière toute spéciale de porter le blason.

L’un, descendant des du Mont-du-Pic, sec, immense, perché sur deux interminables jambes maigres, la voix perçante et bredouillante