Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
LE BOUTE-CHARGE

avec le maître-bottier qui s’arrête toujours au corps de garde avant d’aller livrer son ouvrage, — histoire de tailler une petite bavette. — Maître Civey, petit, maigrelet, serré dans son pardessus, très affairé, très pressé, entame d’interminables causeries, au cours desquelles il donne vingt fois la poignée de main finale… « Au revoir, mon cher, pas le temps de m’arrêter… une paire de bottes pour le commandant… vous savez ?… du Pic qui n’aime pas attendre… Ah ! à propos, ce pauvre Martin… huit jours de prison… hein ?… c’est raide, pour si peu de chose… Au revoir ! Je le lui avais bien dit, du reste… Je me sauve. — Tenez, c’est comme ce cher Olivier, l’an dernier… » Et le bavardage reprend, avec un irrésistible bagou, une volubilité vertigineuse, un jugement caustique sur les événements du jour, et dans tout cela, un grain d’esprit endiablé. — Pour le moment, maître Civey, le maître des maîtres au domino, l’incomparable qui roule les plus forts joueurs et enfonce les premiers faiseurs de Saumur, allonge un