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LE BOUTE-CHARGE

de leurs pelotons, de leurs escadrons un régiment français prêt à toutes les gloires comme à tous les sacrifices. On les devine dominés par l’idée fixe qu’un jour, — bientôt peut-être, — ils pourront enfin laisser éclater au grand jour les sentiments qui couvent : souffrance et espoir, haine et amour.

Et, les voyant ainsi passer, j’essayais de saisir le fil qui reliait toutes leurs pensées. Et je me rappelais, je comprenais le mot du général inspecteur, le jour où, ayant jugé d’un profond regard le peloton des officiers groupés sur son passage pour le recevoir, ayant analysé ces têtes audacieuses, calmes, jeunes, vivantes, il murmura, tandis que son visage sévère s’éclairait d’un sourire qui en disait long :

— Colonel, vous avez un bien beau corps d’officiers.