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LE BOUTE-CHARGE

se laissent atteindre par d’amères déceptions, voient comme un rideau sombre s’étendre sur leur vie.

On veut les secouer, les éveiller, les faire hommes ; ils s’indignent, s’immobilisent dans leurs regrets ; et le découragement les terrasse, lorsque la haine ne vient pas les aigrir.

Pierre ne se sent aucune pensée de rancœur contre le régiment : Mais, dans sa tête, bourdonne un chant de désolation qui l’oppresse et l’étouffe.

Alors commence la double instruction. C’est l’interminable série des exercices du sabre et de la carabine dans la cour du quartier, sous les petites pluies fines et les brouillards des premiers jours d’hiver. Et souvent, à la place du brigadier qui se démenait pour lui dévoiler les mystères du port d’arme et du coup de côté à droite, le paysan voyait se dresser devant lui les coteaux de Saumur avec leurs vignes jaunies.

— Mais il ne comprend donc rien, ce Morisset !