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LE BOUTE-CHARGE

Et c’était à recommencer pour le cavalier Morisset. Alors, il cherchait à s’appliquer, mais demeurait sans force à chasser les rayonnantes visions ; il dévorait du regard le brigadier qui manœuvrait si terriblement bien, mais ne parvenait pas à fixer sa pensée sur le présent, divaguait dans le passé et se consolait par l’attente de l’avenir.

Réellement, il n’y comprenait rien, ce cavalier Morisset.

Alors aussi, ce sont les séances au manège, le trot dur du cheval sous le sifflement de la chambrière du sous-officier planté au milieu du carré, les flexions de reins, les rétablissements, les culbutes en sautant la barre.

— Allons, Morisset, du courage ! Rêne droite… jambe gauche !…

Cet apprentissage lui était une monstrueuse fatigue ; il lui semblait qu’on voulait le briser… C’était donc cela, la vie de soldat ? Voilà donc comment il allait passer les plus belles années de son existence ?

Mais, malheureux, tu ne vois donc pas que