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LE BOUTE-CHARGE

À présent, voilà « cet homme » étendu sur un lit très propre, dans une grande salle où des femmes passent doucement, blanches sous la coiffe blanche, un crucifix sur la robe brune. Cette quiétude le réconforte d’abord. Mais la fièvre semble n’avoir attendu que son entrée à l’hôpital pour le terrasser. — Il y a juste une semaine que le dragon Morisset se débat contre elle.

Un soir, il recouvre l’esprit. Il est très étonné de se voir là. Que s’est-il donc passé depuis plus d’un an… Ah ! oui,… le tirage au sort, le départ, le régiment… La voix qu’il n’a jamais oubliée murmure toujours à son oreille… « Tu penseras à moi, Pierre ? » Oui, il a pensé à elle, il y a trop pensé, le malheureux. Dans un ressouvenir affaibli, il revoit vaguement tout ce qu’il a aimé jadis, il y a bien longtemps de cela — prés de quatorze mois — … la ferme, les bœufs, le tronc d’arbre où il s’est assis, les vignes sur les coteaux,… et elle.

Maintenant, va-t-il s’en aller ainsi ? Tout est il donc fini ? Non, il ne le veut pas. Il veut re-