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LE BOUTE-CHARGE

drupède quelconque : avec toute la bravoure et l’intelligence du soldat français, il fait son métier et accomplit son devoir. Il aime le quartier ; il l’adopte et, s’il a ses tristesses lorsqu’on l’arrache à la prairie où il naquit et gambada joyeusement, s’il lui arrive de regretter, à son arrivée au régiment, le soleil, l’herbe tendre et les folles galopades dans l’enclos qui fut sa patrie, il prend bientôt son parti de sa nouvelle existence et s’attache à son escadron avec une profondeur de sentiments quasi humaine. Il connaît les bruits divers de son écurie, sait ce qui se passe dans la cour, dresse la tête aux éclats de la trompette, tremble de la colère de son supérieur, le cavalier, s’enorgueillit des caresses qu’on lui donne ; — toujours l’influence de la punition et de la récompense. — Comme l’homme, il comprend à sa façon la vie militaire et la voit par ses mauvais ou ses bons côtés, selon qu’il est lâche ou brave, d’humeur sombre ou gaie. Il rit, il pleure, il aime, il hait, il chante, il gémit ; il a ses moments de fureur et de dégoût ; ses heures