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LE BOUTE-CHARGE

les sortir de l’écurie ; et, furieux de quitter la bonne litière où ils goûtaient les douceurs tranquilles de la sieste, mécontents du coup d’étrille qu’ils ont en horreur, et qu’ils devinent prochain, ils s’en vont avec une lenteur calculée, comme si leurs jambes ne pouvaient plus les porter, se laissent mollement tirer par le bridon, tendent l’encolure de toute sa longueur pour retarder le plus possible le moment désagréable. Avec un comique soupir de résignation, ils se laissent attacher à l’anneau en jetant d’obliques regards sur la musette qui, passée en sautoir à l’épaule du cavalier, contient les instruments de torture, brosse en chiendent, étrille, peigne, éponge. Côte à côte, tête au mur pour une heure, que vont-ils inventer pour se distraire ? Les uns essaient de se venger sur la cour et s’obstinent longuement à frapper du sabot le même pavé. Les autres grattent la muraille avec leurs dents, manière d’apaiser leur impatience. Celui-ci s’approche sournoisement de son voisin pour le mordre à l’oreille ou au cou, détestable plai-