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LE BOUTE-CHARGE

qui les pousse ? Est-ce le plaisir d’échapper aux frottements du chiendent ?

Rien de tout cela. Ils obéissent à un calcul d’un réel machiavélisme. Avec la même précipitation, aussitôt qu’ils ont pris leur provision de liquide, ils fondent sur l’écurie, passent dédaigneusement devant leur intervalle qu’ils connaissent très bien et vont s’installer à la mangeoire d’un voisin. Là, ils plongent le nez dans l’avoine défendue et donnent le plus de coups de dents qu’ils peuvent, sachant bien qu’on va les déloger. En effet, le garde d’écurie arrive au trot, et essaie de chasser l’intrus à coups de fourche. Vous croyez peut-être qu’il va regagner sa place ? Pas du tout. Il saute dans l’intervalle suivant jusqu’à ce que de coups de fourche en coups de balai, de cris en vociférations, il rentre enfin à sa place. Alors, triomphant, il achève de mâchonner le produit de son vol qu’il dépose sur le rebord de sa mangeoire avant d’attaquer sa propre ration.

Ces chevaux, que la gourmandise rend ingénieux au suprême degré, recrutent quelquefois