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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/204

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LE BOUTE-CHARGE

portait de l’eau à la descente de cheval, aidait à brosser les tuniques, mais encore, elle savait dénicher force légumes, choux, carottes, pommes de terre pour notre pot-au feu. C’était une passion. La veille de notre départ, nous nous entendimes pour donner un bal sur l’herbe à la jeunesse, et offrir une éclatante récompense a la vieille mère Ledru. Il fut résolu qu’elle serait décorée. L’un de nous possédait une de ces médailles qu’on vend par les rue de Paris le 14 juillet. Le cantiner trouva un habit noir datant 1830 et une cravate blanche qui le transformèrent en un préfet très présentable. Bref, le soir, l’escadron en grande tenue était réuni dans la cour de la ferme, tandis que tout le pays accouru ouvrait des yeux ébahis, les filles endimanchées, les gars en blouse bleue bordée de liserés blancs. La mère Ledru s’avance fort émue. Le préfet lui annonce que le gouvernement ayant appris sa belle conduite, lui envoie une médaille d’honneur. Un sous-officier, remettant à la nouvelle décorée une somme de trente francs, produit