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LE BOUTE-CHARGE

On se rappelle sa réponse au général directeur des dernières grandes manœuvres.

— Comment, colonel, vous êtes-là ? Je vous avais autorisé à vous reposer.

— Mon général, tant que j’aurai l’honneur de commander mon régiment, partout où mon régiment marchera, je serai à sa tête.

On se rappelle sa belle conduite pendant la guerre, lorsque, dans une circonstance critique, avec ses deux escadrons pied à terre, il contint l’ennemi derrière un remblai de chemin de fer, et à lui seul protégea la retraite de l’armée.

Et quel crève-cœur ce doit être pour lui, quelles pensées doivent l’agiter au moment où il dicte lui-même à la décision : « Demain, à deux heures le colonel fera ses adieux au régiment. »

Le jour arrive ; et comme un brutal fait exprès du ciel, la pluie commence à tomber dès le matin, fine, pénétrante, exaspérante dans son aveugle continuité. On aurait tant voulu avoir une claire journée, un chaud soleil,