Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
LE BOUTE-CHARGE

faire une belle fête au colonel dans un dernier vivat, lui laisser un radieux souvenir !

À une heure et demie, le régiment tout entier s’entasse dans le manège ; les hommes, admirablement astiqués comme pour une suprême coquetterie, se rangent sur quatre rangs tout le long de la piste ; les officiers au centre, occupent le carré laissé libre.

On se parle à voix basse. Un annonce que le colonel a préparé un grand discours ; on convient de crier tous ensemble « Vive le colonel » au moment où il s’en ira. De ce murmure confus qui monte vers le cintre obscur se dégage une tristesse imposante.

Deux heures. Le colonel parait.

Sa figure est très calme. Mais tout de suite, il devient pâle. Il commence pourtant. Sa voix s’élève, grave au milieu de l’attention profonde ; les crépitements de la pluie continuent leur monotone roulement sur les ardoises de la toiture.

— Officiers, sous-officiers, brigadiers et dragons, je vous fais mes adieux. Je vous quitte