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LE BOUTE-CHARGE

geons l’allure, le plus possible. Il parait que c’est très pressé. C’est un spectacle étrange, fantastique, cet escadron dans la nuit de décembre, emporté par le trot rapide des chevaux qui soufflent une vapeur grise, frappant sourdement la terre durcie par la gelée ; et les fourreaux de sabres laissent entendre un bruissement bizarre. Nous traversons des hameaux et nous pouvons apercevoir un instant la tête effarée des paysans qui entr’ouvrent leurs fenêtres, une lumière à la main, nous regardent passer, les yeux papillotant de surprise, presque de terreur. De temps à autre, nous distinguons en pleine campagne de grandes maisons dont les fenêtres sont vivement éclairées : ce sont des usines qui achèvent quelque travail dans le flamboiement des forges et le ronflement des machines.

Enfin, nous montons une côte. Nos chevaux sont en nage ; et nous-mêmes nous sommes accablés par une chaleur malsaine du corps, tandis que nos mains et notre visage restent glacés. Au haut de la côte, nous enfi-