lons une longue rue sombre, déserte : pas un habitant ; pas une lumières aux fenêtre fermées. Mais nous entendons des cris, des jurons, des chants ; nous accélérons la marche, et tout à coup, au tournant de la rue, nous débouchons sur une place éclairée par des torches. Là, grouillent des centaines d’ouvriers, des femmes, des enfants, qui se bousculent, se poussent, assiègent un bâtiment carré aux fenêtres démolies, aux vitres brisées, et essaient d’enlever d’assaut la porte d’entrée désespérément défendue par une douzaine de gendarmes. Il était temps : ces malheureux allaient être écrasés. Vivement, sur un signe du capitaine, nous nous plaçons en bataille, occupant tout le front du bâtiment, et nous mettons le sabre à la main. La foule reflue en poussant une immense clameur dans laquelle se font jour les cris de « À bas l’armée ! à bas les dragons ! » et tout de suite entonne un chant monotone dont j’ai retenu les premières paroles :
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LE BOUTE-CHARGE