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LE BOUTE-CHARGE

cisément, encourageant les timides par une promesse de permission, exaspérant les incorrigibles par un simple haussement d’épaules plein de mépris qui les bouleverse plus que huit jours de prison. Il est très aimé de tous, officiers et soldats. Le capitaine est sûr de son escadron ; et l’escadron est sûr de son capitaine.

Le voici qui s’avance seul, tout contre la foule, conduisant son cheval de la main gauche, tandis que par une habitude familière, il laisse la droite dans sa poche. Il est immédiatement entouré par une dizaine d’ouvriers. Nous faisons un mouvement pour nous jeter prés de lui : mais il nous rassure d’un geste.

Un vieux, sec, l’œil brillant, s’approche. On sent qu’il va parler ; les tapageurs cessent leurs cris. À ce moment, il y a une majesté sauvage dans la physionomie de cette scène noyée d’ombre dans les coins, les premiers plans éclairés par les lueurs rouges des torches. La place carrée est occupée par plus de quinze cents ouvriers jeunes et vieux, le bourgeron