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LE BOUTE-CHARGE

bleu déchiré dans la bagarre, la plupart nu-tête, visages de tisseurs aux traits creusés, visages fatigués de femmes vieillies avant l’âge ; au premier rang, soit tactique des grands, soit simple curiosité de bambins, sont les enfants qui considèrent les casques, de leurs grands yeux étonnés, le bout du nez rouge de froid. À gauche, l’escadron en bataille, immobile, sabre au poing, encore tout nuageux de la vapeur grise qui sort du flanc des chevaux. Derrière, la fabrique sombre et muette. Au centre, le capitaine fumant sa cigarette et caressant sa moustache d’un geste machinal. Et devant lui, la casquette à la main, planté sur deux longues jambes maigres, la barbe gris-sale, un vieux qui parle lentement.

— Monsieur le commandant, vous avez eu tort de venir. Ce n’est pas votre place, d’être ici. C’est vrai que nous allions faire un mauvais parti aux gendarmes ; mais pourquoi nous empêchaient-ils d’entrer à la fabrique ? Nous avons bien le droit d’entrer à la fabrique, je pense ? Nous n’en voulons à personne qu’au