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LE BOUTE-CHARGE

vous en aller. Voyons, monsieur le commandant, vous n’avez pas l’air d’entendre ce que je vous dis. C’est pourtant bien simple. Nous avons faim et froid. Nous voulons manger et nous réchauffer. Pourquoi venez-vous nous en empêcher ?…

Le capitaine a laisse parler le vieux qui continue longtemps encore de sa voix monotone ; alors je comprends pourquoi il écoute si bénévolement les doléances de l’ouvrier : la foule se tient immobile et silencieuse ; le froid la saisit ; et plus d’un, ennuyé, se sauve par les rues latérales. Cependant le capitaine répond au vieux par quelques paroles…

— Mon brave homme, je n’ai pas le droit de parlementer avec vous ; tout ce que je puis vous dire, c’est que vous feriez bien de conseiller à vos camarades d’aller se coucher ; ils ne gagneront rien à rester ici toute la nuit.

Puis, ayant vu ce qu’il voulait voir, ayant étudié les vraies dispositions de la multitude, il revient se placer au centre de son escadron. En même temps, les cris et les chants recom-