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LE BOUTE-CHARGE

mencent. Il est deux heures du matin, et le froid nous gagne de plus en plus. Le capitaine nous commande tout à coup de remettre le sabre au fourreau. Ce mouvement stupéfie les tisseurs qui se mettent à reculer comme si on allait les charger. Ils ne comprennent rien à notre immobilité. Nous remettons le sabre au fourreau, à présent ! Mais nous ne leur voulons donc pas de mal ? Quelques bravos se font entendre… « Vivent les dragons ! » Des groupes causent tout près de nous, à haute voix… — Vous voyez bien qu’ils ne viennent pas nous écharper, comme on le disait tout à l’heure… Après tout, ce n’est pas leur faute, bien sûr, s’ils sont là !… » Les rangs s’éclaircissent. — Nous ferions mieux de nous en aller, disent les plus frileux. » D’autres, en grand nombre, s’obstinent à rester là, et s’enrouent à chanter. — Le capitaine fait mettre pied à terre à trois pelotons, pendant qu’un seul reste à cheval. Les ouvriers sont de plus en plus étonnés de ce dédain.

Un mouvement hostile de notre part eût mis