Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
LE BOUTE-CHARGE

D’entendre ce mot-là dans la bouche du colonel, un homme élégant s’il en fut, que jamais je n’avais entendu jurer…, eh bien, d’écouter ce mot, cela me fit l’effet d’un coup de tonnerre, et pendant une minute, j’oubliai le canon. Ce que le colonel attendait, c’était l’ordre de marcher.

Une de nos vedettes vint tout à coup au galop s’arrêter près de lui :

— Mon colonel, il y a devant nous de la cavalerie qui s’avance.

— Ah ! fit-il ; et sa voix redevint calme. Combien sont-ils, mon garçon ?

— Il doit y avoir tout près d’une brigade.

— Loin ?

— À trois kilomètres à peine ; et au trot.

— Bien ; retournez à votre poste et dites au sous-officier de pointe de ne se replier qu’au dernier moment.

Il se retourna et cria « À cheval ! » Tout le monde sauta en selle ; et nous autres, nous commençâmes à atteler la forge, pendant que les deux escadrons se formaient sur la route en