Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
LE BOUTE-CHARGE

en sourdine, — comme si les sons endormis au fond des pistons étaient impuissants à secouer la torpeur qui les voile.

Cette sonnerie, — un chef d’œuvre de fantastique, une phrase qui a dû être écrite par un Edgard Poë de la musique — c’est l’extinction des feux ; c’est le signal du repos, après lequel le trompette va s’étendre jusqu’au réveil sur les planches du corps de garde, tandis que toutes les lumières s’éteignent, que tous les bruits s’assoupissent, que l’ombre se fait plus noire et le silence plus épais.

Par les nuits d’hiver, dans les échos neigeux, l’extinction des feux réveille des sonorités étranges. Et lorsqu’au fond des chambres chauffées par l’haleine des hommes, nous luttons contre le sommeil envahissant, dans ce dernier effort instinctif où la réalité se fait rêve, que nous nous débattons sous l’influence des premiers songes où se mêlent et se confondent les pensées du jour et les réminiscences nocturnes, il nous semble écouter la voix de quelque cavalier fantôme venu de là-bas pour nous rappeler