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LE BOUTE-CHARGE

chevaux qui mâchonnent les bribes de paille, dans la litière. Parfois, un garde d’écurie enseveli dans son vaste manteau blanc promène de porte en porte l’étoile grelottante de son falot de faction ; et ses sabots frappent le pavé avec des lenteurs de sentinelle qui s’endort.

Quelques rares fenêtres encore éclairées découpent dans l’obscurité de longues tranches grises : sans doute un dragon qui achève d’astiquer sa bride, — ou qui termine la lecture de son chapitre.

Tout à coup, à ce moment où il semble qu’il n’y ait plus rien à écouter dans le calme qui pèse sur le quartier, la trompette se fait entendre. Mais ce n’est plus une fanfare joyeuse ou chevaleresque ; ce n’est plus une clameur qui éclate et vibre ; ce ne sont plus ces appels stridents qui répandent au loin leurs notes passionnées et enlevantes. C’est une psalmodie qui se traîne, une mélopée d’une saisissante monotonie, une sorte de requiem solennel, un chant presque désolé qui va s’affaiblissant de mesure en mesure et meurt dans une note filée