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LE BOUTE-CHARGE

porter au sortir de l’écurie, il s’échauffait encore après le premier temps de trop. Il conservait ce galop envolé qui, sans doute, lui valait son nom. C’est alors qu’ils étaient bien l’un à l’autre : Bernard s’enivrant des coups de bise qui le frappaient au visage, des susurrements aigus qui sifflaient à ses oreilles ; Fend-l’Air obéissant, passif jusque dans la folie de sa course, à des signaux convenus ; l’homme se pliant avec souplesse aux brusqueries déconcertantes de cette allure, la bête se rendant ; à un simple « holà ». Il semblait qu’il y eût entre eux communication magnétique, la pensée du cavalier allant à la pensée du cheval sans effort apparent. Leur bonheur à tous deux dura trois ans.

Ah ! si Bernard avait pu voir un soir de juillet, la veille de l’inspection générale, — le chef, les fourriers et les scribes tracer de beaux états en double, en triple expédition, avec des écritures mirifiques, des fioritures aux majuscules ! S’il avait pu lire dans les colonnes de ces splendides spécimens calligra-