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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/35

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LE BOUTE-CHARGE

des cavaliers, les épaules blanches, les instruments fourbis à outrance. En avant d’eux, le colonel, aigrette au casque, solidement assis sur son rouan.

Tout à coup, une voix forte jette un commandement qui fait frissonner le front des escadrons et bruire les fourreaux comme des feuilles d’acier secouées par un vent furieux : « Sabres !… » Toutes les têtes se penchent, les casques s’inclinent, les lames sont dégagées ; le murmure s’éteint. Et à l’indication « Main !… » qui s’échappe de la poitrine du colonel, toutes les lames, avec un sifflement sous lequel frémissent les chevaux, sont arrachées des fourreaux : un instant, elles couronnent le front des pelotons d’une auréole majestueuse ; puis, ensemble, automatiquement, viennent se placer à l’épaule des cavaliers.

Les quatre escadrons ont repris leur immobilité de statues. Les chevaux, l’encolure tendue, le nez au vent, semblent attendre le signal de la marche avec cette raide fermeté des êtres habitués à l’obéissance passive.