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LE BOUTE-CHARGE

Le silence est profond ; les cavaliers serrent nerveusement la poignée de leurs sabres ; les trompettes sont prêts à sonner, l’instrument à la bouche.

Soudain, la voix s’élève encore, puissante.

Elle dit : « Présentez… Sabres !… »

Tous, jeunes et vieux, officiers et dragons, serre-files et chefs de pelotons rendent les honneurs, le régiment entier tressaille, la fanfare éclate, et sort comme un ouragan de notes basses et profondes des trente instruments ; les trompettes, haut la tête, coude levé, semblent annoncer au monde quelque événement solennel ; la sonnerie se déroule et jette au loin ses appels émouvants, fiers et hardis.

Et tandis que cette rumeur emplit le quartier, que les éclats du cuivre commandent impérieusement le respect, que leurs échos vont se briser aux angles des murailles, et s’épanouir en une gerbe musicale étincelante, tandis que les cœurs bondissent au fond de toutes les poitrines, que les chevaux stupéfaits soufflent et hennissent, l’Étendard s’avance au galop,