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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/63

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LE BOUTE-CHARGE

ferme. Ce n’était point là son compte. Il chercha donc dans sa cervelle matoise comment il pourrait parvenir à se débarrasser de toute occupation. Or, la première fois qu’il fit ses huit jours de prison, il sortit de la boite en disant :

— Mais c’est très chic ! Voila mon affaire ! Plus de manœuvre ; plus de bride à astiquer !…

Dés lors il passa son temps à se faire bloquer en permanence ; et il y réussit, évitant soigneusement le conseil de discipline ; frisant parfois le conseil de guerre, mais décrochant le plus souvent ses trente jours de prison.

Alors, Pornet jubilait.

Du reste, lorsqu’il lui arrivait de coucher dans son lit, le fait était raconté dans l’escadron comme un événement fabuleux, et le voyou prétendait qu’il s’y ennuyait ferme.

Une fois en prison, Pornet devenait le démon de l’adjudant Loriot. Celui-ci n’en dormait plus, maigrissait à vue d’œil. Dans cette lutte épique, c’était le moucheron qui sonnait la charge et triomphait du lion fou de fureur.