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TRIBOULET

drières… la voiture se met au pas, s’avance péniblement vers un point noir, la-bas, sur une éminence…

Dans la voiture, Madeleine est revenue de son évanouissement. Elle se débat, supplie :

— Grâce ! Où me conduisez-vous ? Grâce !…

Là-bas, sur l’éminence, le point noir s’élargit, s’amplifie, se dessine… et la voiture s’arrête.

Ferron saute à terre, entraînant Madeleine.

— Grâce ! Au secours ! François ! François ! pleure la femme adultère à qui la terreur fait oublier, à ce moment l’infamie de celui qu’elle adorait.

— Oui ! rugit Ferron. Appelle-le ! Où est-il, ton François ? Où est-il le chevalier qui m’a fait prévenir de la trahison ? Où est-il, l’amant qui te livre au bourreau ? Où est-il ? Patience, Madeleine ! Je le retrouverai, j’en jure ma haine et mon désespoir ! Je le retrouverai, te dis-je ! Et alors, ce sera horrible ! Toi d’abord… Lui ensuite…

Et il la pousse dans les bras du bourreau.

La malheureuse jette autour d’elle un regard affolé.

Ses yeux s’arrêtent sur une effroyable vision…

— Dieu du ciel ! balbutie-t-elle. Où suis-je !

Devant elle se dresse une étrange, une fantastique maçonnerie vers laquelle le bourreau la traîne… un formidable enchevêtrement de murs, de poutres et de cordes !…

Et son cri d’épouvante, son cri d’agonie déchire lamentablement la nuit :

— Horreur !… Le gibet de Montfaucon !

III

LE BOUFFON


— Où est-il, ton François ? Où est-il, ton amant ? Que fait-il, le Roi-chevalier ?…

— Grâce ! Pitié ! crie-t-elle encore.

Cherchons la réponse à cette ironique et sinistre question du mari…

Que faisait François Ier ?