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TRIBOULET

prie… Ma parole royale vous est un garant dont nul au monde, jusqu’ici, n’a douté !…

— Sire, je vous suis ! répondit-elle avec la fermeté de son désespoir.

Et elle jeta à Étienne Dolet un regard d’infinie reconnaissance.

Le maître imprimeur voulut intervenir une dernière fois… mais déjà le roi, conduisant Gillette par la main, franchissait le seuil de la porte.

— Infamie ! gronda Dolet, les poings serrés.

— Pauvre enfant ! murmura Julie en s’essuyant les yeux.


VIII

LES DEUX PÈRES


Le lendemain, la porte du vaste et somptueux cabinet où François Ier avait coutume de recevoir ses courtisans ne s’ouvrait point.

Le roi voulait être seul…

Le roi méditait…

D’étranges bruits circulaient dans le Louvre…

On se racontait qu’une jeune fille d’une éclatante beauté avait été amenée dans la nuit au Louvre, que les dames d’honneur avaient été réveillées, qu’un appartement avait été mis à la disposition de cette inconnue…

Les uns souriaient et demandaient ce qu’en pensait Mme la duchesse d’Etampes, favorite en titre du roi François. D’autres hochaient gravement la tête… On disait le roi fort troublé…

Chose extraordinaire : il ne s’était point couché.

M. de Bassignac, son valet de chambre, avait passé la nuit dans l’antichambre, attendant vainement les ordres de Sa Majesté…

À l’aube[1], le roi s’était rendu dans son cabinet, défendant qu’on le dérangeât.

  1. D’après le récit qu’en fit Bassignac au jeune seigneur de Brantôme, toujours à l’affût des potins de cour.