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TRIBOULET

Puis l’homme noir sortit, dans un grand silence : les gentilshommes du roi, avec un frisson, s’écartèrent involontairement de cette sinistre silhouette qui marchait accompagnée de la Mort… Seul, Triboulet cria :

— Salut à l’archange du Gibet !…

— Ce pauvre Monclar ! dit le roi. Voilà vingt ans qu’il en veut fort à tous ces Égyptiens et Argotiers qu’il accuse d’avoir volé et peut-être tué son jeune fils… Mais maintenant que les affaires de l’État sont réglées, occupons-nous des nôtres. Au logis Ferron… en attendant l’expédition de ce soir. Au logis Ferron ! Je vous promets de l’amusement, messieurs…

Et François Ier suivi de ses gentilshommes, sortit de la chambre royale, fredonnant une ballade…


II

LE BOURREAU


Il est huit heures. La nuit est d’un noir d’encre. Il vente un vent froid de fin d’Octobre qui souffle en rafales.

C’est près de l’enclos des Tuileries.

Là se dresse une petite maison isolée : le nid qui, longtemps, abrita les amours du roi et de la belle Mme Ferron.

Au premier, une fenêtre faiblement éclairée brille comme une discrète étoile.

La chambre est aménagée pour les longues étreintes passionnées qu’avise et surexcite un savant décor en une tiède atmosphère alourdie de parfums aphrodisiaques.

Le lit monumental ressemble à un vaste et profond autel édifié pour le perpétuel recommencement d’un sacrifice érotique.

Sur un fauteuil, aux bras du roi François Ier, assise sur ses genoux, une femme dont aucun voile ne gaze la splendide impudeur se suspend à son cou, tend ses lèvres et murmure :

— Encore un baiser, mon François…

Cette femme est jeune. Elle est souverainement belle.