Page:Zevort - Romans grecs 2.djvu/17

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cette tragique apostrophe, les brigands, qui n’entendaient rien à ce langage, les laissèrent là, pensant que leur propre faiblesse était une garde suffisante. Pour eux, ils se dirigèrent vers le vaisseau et se mirent à débarquer le chargement. Il était aussi considérable que varié ; mais chacun se contenta d’en tirer autant qu’il put d’or, d’argent, de pierres précieuses et d’étoffes de soie, sans tenir aucun compte du reste. Lorsque la charge leur parut suffisante (elle était de nature à satisfaire la convoitise même d’une bande de pirates) ils se partagèrent le butin déposé sur le rivage et le disposèrent en ballots pour chacun d’eux, mais sans tenir compte de la valeur des objets enlevés, uniquement préoccupés de donner à chacun une part égale du fardeau. Leur intention était de s’occuper ensuite de la jeune fille et du jeune homme. Mais, sur ces entrefaites, apparaît subitement une nouvelle troupe de brigands, sous la conduite de deux cavaliers. À cette vue, les premiers, sans même en venir aux mains, abandonnent tout leur butin, pour n’être pas poursuivis, et s’enfuient à toutes jambes ; car ils n’étaient que dix, et ceux qu’ils voyaient accourir étaient trois fois plus nombreux. La jeune fille et son compagnon se trouvaient donc pour la seconde fois déjà prisonniers, sans avoir été pris encore. Quoique les brigands fussent poussés, eux aussi, par l’ardeur du pillage, l’étonnement, l’ignorance de ce qu’ils voyaient les faisait hésiter encore ; car ils supposaient que tout ce massacre était l’œuvre des premiers brigands ; d’un autre côté, l’aspect de cette jeune fille, la distinction et le caractère étranger de ses vêtements, son indifférence pour le spectacle terrible qui l’entourait et qui ne paraissait pas exister pour elle (car tout entière aux blessures du jeune homme, elle souffrait de ses douleurs comme si elles lui eussent été personnelles), enfin sa beauté, son courage, tout les frappait d’admiration. Leur étonnement n’était pas moindre à la vue du jeune