Page:Zevort - Romans grecs 2.djvu/18

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homme et de ses blessures ; tant il y avait en lui de beauté, tant sa taille était noble et majestueuse. Car déjà il s’était un peu remis, et son visage avait repris son expression ordinaire.

IV. Cependant, après les avoir longtemps contemplés, le chef des brigands s’approcha, mit la main sur la jeune fille, et lui ordonna de se lever et de le suivre. Sans rien entendre à son langage, elle comprit cependant son injonction, et tira à elle le jeune homme, qui, de son côté, ne la quittait pas. En même temps, elle tournait un poignard contre sa poitrine, menaçant de s’en percer, si le chef des brigands ne les emmenait tous les deux. Celui-ci comprit son désir, à ses gestes bien plus encore qu’à ses paroles. Songeant d’ailleurs que ce jeune homme pourrait le seconder dans de grandes entreprises, s’il guérissait, il mit pied à terre, ordonna à son écuyer d’en faire autant, et établit les deux prisonniers sur les chevaux ; puis il commanda aux autres de réunir le butin et de le suivre. Cela fait, il marcha lui-même à pied à côté d’eux, les soutenant et les relevant s’il leur arrivait de perdre. l’équilibre. Ces soins prévenants n’étaient pas sans quelque prix : le maître paraissait servir ses captifs et n’user de sa puissance que pour s’assujettir volontairement à ses prisonniers. Tant a de pouvoir la noblesse de l’extérieur ; tant la vue de la beauté sait dompter même la rudesse des brigands et soumettre à son empire les cœurs les plus sauvages !

V. Après avoir cheminé ainsi, l’espace d’environ deux stades, le long du rivage, ils tournèrent brusquement vers le pied de la montagne, en laissant la mer à droite, franchirent les hauteurs, non sans quelque peine, et se dirigèrent vers un lac qui s’étendait le long du revers opposé. L’aspect des lieux était celui-ci : tout le pays est appelé par les Égyptiens le Pâturage : c’est une vallée très-basse, où les débordements du Nil forment un lac extrêmement profond